Andromaque ACTE deuxième Scène IV
Andromaque par Jean Racine
Pyrrhus, Oreste, Phœnix.
Pyrrhus
Je vous cherchais, Seigneur. Un peu de violence
M’a fait de vos raisons combattre la puissance,
Je l’avoue; et depuis que je vous ai quitté,
J’en ai senti la force et connu l’équité.
J’ai songé, comme vous, qu’à la Grèce, à mon père,
À moi-même, en un mot, je devenais contraire;
Que je relevais Troie, et rendais imparfait
Tout ce qu’a fait Achille, et tout ce que j’ai fait.
Je ne condamne plus un courroux légitime,
Et l’on vous va, Seigneur, livrer votre victime.
Oreste
Seigneur, par ce conseil prudent et rigoureux,
C’est acheter la paix du sang d’un malheureux.
Pyrrhus
Oui; mais je veux, Seigneur, l’assurer davantage:
D’une éternelle paix Hermione est le gage;
Je l’épouse. Il semblait qu’un spectacle si doux
N’attendît en ces lieux qu’un témoin tel que vous:
Vous y représentez tous les Grecs et son père,
Puisqu’en vous Ménélas voit revivre son frère.
Voyez-la donc. Allez. Dites-lui que demain
J’attends avec la paix son cœur de votre main.
Oreste
Ah dieux !
La pièce de Théâtre Andromaque par Jean Racine.