Ami, je t’apprendrai (encore que tu sois,
Pour te donner conseil, de toi-même assez sage)
Comme jamais tes vers ne te feront outrage,
Et ce qu’en tes écrits plus éviter tu dois.
Si de Dieu ou du roi tu parles quelquefois,
Fais que tu sois prudent et sobre en ton langage:
Le trop parler de Dieu porte souvent dommage,
Et longues sont les mains des princes et des rois.
Ne t’attache à qui peut, si sa fureur l’allume,
Pour te donner conseil, de toi-même assez sage)
Comme jamais tes vers ne te feront outrage,
Et ce qu’en tes écrits plus éviter tu dois.
Si de Dieu ou du roi tu parles quelquefois,
Fais que tu sois prudent et sobre en ton langage:
Le trop parler de Dieu porte souvent dommage,
Et longues sont les mains des princes et des rois.
Ne t’attache à qui peut, si sa fureur l’allume,
Venger d’un coup d’épée un petit trait de plume,
Mais presse (comme on dit) ta lèvre avec le doigt.
Ceux que de tes bons mots tu vois pâmer de rire,
Si quelque outrageux fou t’en veut faire dédire,
Ce seront les premiers if se moquer de toi.
Les Regrets
Joachim Du Bellay