Né le 22 avril 1901 à Magnac-Laval, en Haute-Vienne, Alexandre Vialatte est un écrivain, traducteur et critique littéraire français. Il est mort à Paris le 3 mai 1971 à 70 ans.
Enfance et famille
Issu d’une fratrie de trois enfants, Alexandre Vialatte est le fils d’un officier. La famille est originaire d’Ambert, mais à cause des changements de garnison du père, elle déménage régulièrement. En 1915, elle rentre toutefois à Ambert suite à la démobilisation du père pour des raisons de santé.
Alexandre est un enfant rêveur et actif. Il aimait la poésie, la calligraphie et le dessin comme il appréciait les sports, notamment l’équitation et la nage. Doué en mathématiques, il prépare son admission à l’École navale. Malheureusement, sa blessure à l’œil due à un accident survenu dans son enfance, il a une mauvaise vue et dût renoncer à l’École navale. Alors qu’il s’apprêtait à obtenir la licence de mathématiques, il se ravise et s’inscrit à la faculté des lettres de Clermont-Ferrand. Il y prépare son diplôme de langue allemande.
La littérature
En 1913, Alexandre Vialatte se lie d’amitié avec les frères Paul et Henri Pourrat. Lorsque Paul meurt en 1923, il se rapproche de plus en plus de son frère aîné Henri. Ce dernier était déjà écrivain à l’époque et est devenu pour Vialatte un mentor en littérature. Les deux hommes ont beaucoup correspondu jusqu’à ce que la mort n’emmène Henri à son tour.
À partir de 1922, il se déplace beaucoup pour son travail.
- En Allemagne, il travaille en tant que traducteur civil auprès des autorités militaires
- À Spire, il se charge de traductions administratives et donne des cours de français
- À Mayence, il est engagé en tant que rédacteur à La Revue rhénane sur recommandation de Jean Paulhan. C’est grâce à Henri Pourrat qu’il fit la connaissance de ce dernier. Au sein de la revue, il écrit ses premières chroniques et en devient, par la suite, secrétaire de rédaction
Il reste en Allemagne jusqu’en 1928, mais revient régulièrement en France. De 1924 à 1925, il effectue son service militaire, mais continue en parallèle d’écrire des chroniques pour la revue rhénane. Il est aussi rédacteur pour La Nouvelle Revue française, Les Nouvelles littéraires et Le Crapouillot.
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La traduction
Alexandre Vialatte aimait son métier de traducteur puisque cela lui permettait de s’exercer et d’améliorer ses connaissances littéraires. Quand Franz Kafka se fit connaître en 1925 grâce à son roman intitulé Le Château, Vialatte se propose de traduire tous ses écrits afin de le faire connaître.
Il travaille en tant que traducteur allemand jusqu’en 1954 et a traduit plus de quinze auteurs tels que Thomas Mann, Nietzsche, Brecht, Hugo von Hofmannsthal, Goethe, Gottfried Benn et Ernst Ludwig.
L’écriture
Durant un séjour en France en 1928, Alexandre Vialatte s’installe à Firminy pour terminer son premier roman intitulé Battling le ténébreux. L’ouvrage, après avoir été validé par Jean Paulhan, est édité chez Gallimard et lui a valu le prix de la fondation Blumenthal.
Jusqu’à ce que la guerre éclate, l’auteur écrit de nombreux articles pour les journaux et des nouvelles. Il traduit également de nombreux romans.
Entre septembre 1937 à juin 1939, il occupe le poste de professeur de français au lycée franco-égyptien d’Héliopolis, à proximité du Caire. Il est mobilisé en 1939 et se fait prisonnier en Alsace en juin 1940. Suite à la défaite, l’écrivain devient instable et est interné à l’hôpital psychiatrique de Saint-Ylie. Après avoir essayé de se suicider, il est relâché en 1941.
Dans son roman intitulé Le Fidèle Berger, il raconte cette sombre histoire de sa vie. Dans le livre, un soldat perd la raison à force de marcher, mais se reprend petit à petit en pensant à sa chère et tendre. L’ouvrage parait en 1942, mais la censure allemande l’interdit pendant quelque temps.
Il reprend son poste de correspondant en Allemagne en 1945. Sa tâche consistait surtout à faire des comptes-rendus des procès de criminels de guerre. Il s’en inspire pour écrire d’autres chroniques allemandes.
En 1947, il rentre de manière définitive en France sans cesser d’écrire pour la N.R.F. Sitôt rentré, il entame l’écriture de son roman Les Fruits du Congo pour lequel il a obtenu le prix Charles Veillon en février 1950. Une fois édité par Gallimard, tout le monde pensait qu’il obtiendrait le prix Goncourt, mais cela ne s’est pas fait. D’ailleurs, le livre ne s’est pas très bien vendu. Ce fut son dernier roman publié de son vivant. Pourtant, après Les Fruits du Congo, il a écrit plus d’une dizaine de romans inédits. Son activité de littérateur ne l’occupait toutefois qu’à ses heures perdues puisqu’officiellement, il travaillait toujours pour le compte de nombreuses revues et journaux.
Ses œuvres variaient de revue en revue, mais globalement, on lui doit des articles littéraires, des billets de divertissement, des articles artistiques, des courriers, des parodies et des publications spécialisées comme les textes qu’il a écrits pour La revue du tiercé ou Le Courrier des messageries maritimes.
À partir de 1952, il publie plus de 900 chroniques dans le quotidien La Montagne. Son fils Pierre les a toutes réuni dans une seule édition trente ans après sa mort. Cet ouvrage n’en contient toutefois que 898 puisque quelques-uns manquent à l’appel.
En 1957, il écrit le deuxième chapitre de l’ouvrage Le roman des 12, un roman collectif qu’il partage avec Jean Dutourd, Pierre Bost, Louise de Vilmorin, Jules Romains, André Beucler, Yves Gandon, Jean-Louis Curtis, Paul Vialar, André Berry, Gilbert Sigaux et Michel de Saint Pierre.
Après sa mort, bon nombre de ses œuvres ont été publiées tandis que d’autres restent encore à exhumer. Il faut dire que l’auteur a emprunté de nombreux pseudonymes de son vivant tels que Frank Jeudi.
Sa vie privée
Il rencontre celle qu’il épousera, Hélène Gros-Coissy, en 1928. La jeune femme était assistance sociale aux usines Michelin. C’est elle qui lui fit découvrir de nouveaux horizons, notamment le Dauphiné, son pays d’origine. Vialatte ajoute d’ailleurs la région ainsi que les Alpes à sa géographie intime et mythologique.
Le couple eut un enfant, Pierre, en 1930. Malgré le lien qui les réunit, leur quotidien n’a rien de commun puisque mari et femme, ne vivent que très peu ensemble. D’ailleurs, quand Hélène est mutée à Paris en 1934, Vialatte retourne auprès d’elle, mais finalement, il y vivra seul puisque son épouse repart peu de temps après en Auvergne.
Souffrante depuis 1953, Hélène meurt le 2 décembre 1962 à l’hôpital du Val-de-Grâce. Très affecté par sa disparition, Vialatte se réfugie dans l’écriture (lettres, chroniques et romans) qu’il n’envoie toutefois pas à des éditeurs, mais range dans des cartons. Il finit toutefois par les perdre sans les avoir achevés. Ces ouvrages réapparurent après sa mort et son fils, avec l’aide d’éditeurs et d’amis de l’écrivain, menèrent de gros efforts pour les exhumer tels qu’ils étaient.
En 1971, l’écrivain est admis à l’hôpital et meurt le 3 mai de la même année. Il est inhumé à Ambert. Son ami Philippe Kaeppelin a sculpté le monument Vialatte sur la place de la gare d’Ambert pour rappeler à la ville que l’auteur a grandi à Ambert.
En 1991, le Prix Alexandre-Vialatte voit le jour pour saluer les écrivains de langue française dont les œuvres témoignent la vivacité d’esprit et l’élégance d’écriture entraînant du plaisir au lecteur.
En 2011, l’opération « 2011-Année Vialatte » est lancée par centre-France, éditeur du quotidien La Montagne.
Ses œuvres
La majeure partie de ses œuvres ont été publiées posthume que ce soit ses articles et lettres de correspondance ou la plupart de ses romans. Parmi ses plus grands romans, on cite :
- Battling le ténébreux ou la Mue périlleuse en 1928
- Le fidèle berger en 1942
- Le roman des douze en 1957
- Les fruits du Congo en 1951
- La maison du joueur de flûte en 1986
- Le fluide rouge en 1990
- Camille et les grands hommes en 1994
- Les amants de Mata Hari en 2005
- Le cri du canard bleu en 2012
Il a également laissé un recueil de poèmes intitulé La paix des jardins publié en 1990. On lui doit également :
- Légendes vertigineuses du Dauphiné en 1995
- Alexandre Vialatte et les Cahiers du Sud en 2012
- La basse Auvergne en 1936
- L’Auvergne absolue en 1983
Correspondances avec Jean Paulhan en 1997, avec Ferny Besson en 1999 et avec Henri Pourrat en 2001