La nuit s’étire encore et me ronge les sens.
Je l’aime à en souffrir et les arbres gémissent,
Je l’aime à en mourir et mes lignes blêmissent
Sous la lune lépreuse je ne vois que le sang.
Les jets ambrés s’étonnent et rient de mon tourment,
Ma forêt est humide et noir mon firmament.
Dans ses prunelles d’or se reflète l’aurore
Qui fuit dans le miroir et courtise la mort.
Je ne suis que douleur et les roses se fanent ;
Ma paume est sans odeur et son ombre diaphane.
Mes lèvres bleues chancellent et butent sur les mots,
Je me souviens encor du parfum de sa peau.
Le cœur en crucifix se pâme de jouissance,
Car la douleur sacrée condamne à la souffrance,
Et pourtant elle me berce et je suis dans l’émoi
Quand je pense à son corps mes pétales s’éploient.
Mes cils ourlés d’embruns se salent de couleurs
Et l’encre de ma plume ensanglante mes pleurs.
L’angoisse me retient et gémit d’impuissance,
Mes mots mourront alors dans ma très longue errance.