Engins accoutumés, nécessaires outils,
Ojets de formes innombrables,
Que de pensée et de sueurs vous recélez;
Que d’hommes ont connu des moments affolés
A vous rendre plus désirables!
Je vois ceux qui, ravis d’un concept et crispés,
Adjurent des contours nettement découpés
De luire en l’idée imprécise,
Et sentant l’embryon amorphe en leur cerveau
Recommencent, d’après un augure nouveau,
L’obsédant travail qui les grise.
L’idée écarte enfin son manteau de brouillard.
Pour la réaliser la main prête son art,
Et l’homme, ensorcelé, surveille
La matière qui semble, inerte, se livrer
Mais se refuse impudemment à générer
L’étonnante et simple merveille.
Laide ou belle, d’argile ou de fer, l’oeuvre naît.
Si longtemps qu’elle dure, en elle on reconnaît
Une époque d’exubérance.
Plus le désir fut grand, plus rude fut l’effort
Et plus l’homme, devant l’ambition d’alors,
Revit sa joie et sa souffrance.
Temple où chacun retrouve un autel favori,
Le monde est plein d’objets qui parlent à l’esprit;
S’il fallait que tous on les aime
Le coeur éclaterait de trop d’émotions,
Mais à l’oeil fureteur viennent seuls les rayons
Des dieux qu’on a sculptés soi-même.
Les Alternances
Alphonse Beauregard