Dormant au nid douillet d’une chair maternelle,
Où tes ailes frileuses grandissent en secret,
Sors de ta chrysalide, sors de ta citadelle,
Déchire le manteau qui te tient prisonnier.
Sors de ta chrysalide, papillon éphémère,
Il est temps d’effeuiller marguerite et lilas,
Ô temps suspend ton vol, dans le silence clair,
Laisse le s’envoler sous la voûte des bois.
Vivre du vert des prés et du blond des collines,
Tout le jour, en volant dans la fleur des moissons,
A l’heure où les criquets stridulent en sourdine,
Sors de ta chrysalide mon joli papillon,
Tu verras des ruisseaux éblouis de soleil,
Des matins de printemps et des étés semeurs,
De roses d’Arcadie, aux pétales vermeils,
Sors de ta chrysalide, papillon moissonneur.
Près des ruches bénies, les abeilles butinent,
Et le merle moqueur siffle un air de java,
Le pivert impatient, dans les bois, tambourine,
Sors de ta chrysalide, papillon c’est pour toi.
Les pinsons et les paons, la forêt me l’a dit,
Les mésanges, les pies et le héron huppé,
Les bouvreuils, les hiboux ont déjà fait leurs nids,
Sors de ta chrysalide, papillon effronté.
Te voilà indécis hors de ton alvéole,
Sèche tes ailes au vent, papillon voletant,
Si frêle, si menu, déjà tu caracoles,
Mais dis-moi à qui vais-je parler à présent ?