Je hais du Florentin l’usurière avarice,
Je hais du fol Siennois le sens mal arrêté,
Je hais du Genevois la rare vérité,
Et du Vénitien la trop caute malice:
Je hais du fol Siennois le sens mal arrêté,
Je hais du Genevois la rare vérité,
Et du Vénitien la trop caute malice:
Je hais le Ferrarais pour je ne sais quel vice,
Je hais tous les Lombards pour l’infidélité,
Le fier Napolitain pour sa grand’ vanité,
Et le poltron romain pour son peu d’exercice:
Je hais l’Anglais mutin et le brave Ecossais,
Le traître Bourguignon et l’indiscret Français,
Le superbe Espagnol et l’ivrogne Tudesque:
Bref, je hais quelque vice en chaque nation,
Je hais moi-même encor mon imperfection,
Mais je hais par sur tout un savoir pédantesque.
Un poème de Joachim Du Bellay