perfide Reine de Beauté,
ne lace pas pour moi les pièges
de tes langueurs, de tes tourments,
je te supplie.
Entends, clémente, ma prière,
comme tu fis cette autre fois
où pour répondre à mon appel,
tu suivis la route des astres,
sur ton beau char.
Et tes bleus passereaux rapides,
au-dessus de la terre sombre,
battant le ciel à coups pressés,
t’entraînaient à travers l’espace
jusque vers moi.
Je te contemplai, Bienheureuse,
je vis ton immortel visage
me sourire, et ta voix divine
me demanda pourquoi mon cœur criait vers toi.
“Quelle est celle qui t’a blessée ?
Vers qui s’élance ta folie,
ma Sapho ? Dis à ta déesse
qui tu veux que sa force plie à ton amour.
“Celle qui maintenant te fuit,
celle qui dédaignait tes dons,
elle-même te cherchera,
elle-même contre son gré
te cédera.”
Viens donc à moi comme autrefois,
tire-moi de mes dures peines,
accomplis le vœu de mon cœur.
Viens, Très-Sereine, et sois toi-même mon alliée.
Poésie Sappho
Sappho