L’Avare ACTE I Scène 9
Harpagon, Valère, Élise.
Harpagon à part, dans le fond du théâtre.
Ce n’est rien, Dieu merci.
Valère sans voir Harpagon.
Enfin notre dernier recours, c’est que la fuite nous peut mettre à couvert de tout; et, si votre amour, belle Élise, est capable d’une fermeté… (Apercevant Harpagon.) Oui, il faut qu’une fille obéisse à son père. Il ne faut point qu’elle regarde comme un mari est fait; et lorsque la grande raison de “ sans dot ” s’y rencontre, elle doit être prête à prendre tout ce qu’on lui donne.
Harpagon
Bon: voilà bien parlé, cela !
Valère
Monsieur, je vous demande pardon si je m’emporte un peu, et prends la hardiesse de lui parler comme je fais.
Harpagon
Comment ! j’en suis ravi, et je veux que tu prennes sur elle un pouvoir absolu. (À Élise.) Oui, tu as beau fuir, je lui donne l’autorité que le ciel me donne sur toi, et j’entends que tu fasses tout ce qu’il te dira.
Valère à Élise.
Après cela, résistez à mes remontrances.
L’Avare par Jean Baptiste Poquelin: Molière