Je dédie ce poème à tous les soldats morts au combat et en particulier à ceux de la Guerre de Dix Ans!
Le vent me porte ta dernière lettre,
J’en bois chacun de ses mots, de tes mots,
Je les bois assaisonnés de mes larmes qui
Roulent jusqu’au coin de ma bouche ravie,
Ravie par ces mots qui font frissonner mon dos,
Frisson tel si tes bras enserraient mon être.
Mon cher petit soldat de plomb loin là-bas,
La vie suit son court en pensant bien à vous,
Ici personne n’ose parler de cette guerre.
La moisson inquiète ceux restés, il n’y aura guère
De blé, l’été a le ciel de notre nation pleurant tous
Vos nombreux morts, tant qu’il ne te pleure pas.
Tels les dauphins au milieu des vastes océans
Guidant de son sillon le navire du marin égaré,
Chacune de tes lettres se fait fleur à mon fusil,
Est meilleure baïonnette pour vaincre l’ennemi.
Elles pansent les blessures sur nos corps lassés,
Elles apportent du baume à nos cœurs céans.
Mon cher petit soldat de plomb loin là-bas,
Les jours sont si longs, les peines tout autant,
Je vis tantôt dans la crainte et moins dans l’espoir,
Que mes nuits je caresse, d’un jour ici te revoir.
La tristesse et le désespoir en moi sont latents,
Je t’en prie, durant tes combats ne tombe pas.
La maladie a atteint les campements de nos amis,
Nous avons jusque-là été épargnés par ce fléau ;
Méfie-toi, ne côtoie pas les gens de l’Est,
Ce sont eux, dit-on, qui ont amenés la peste.
Toujours vaillant, nous retournons à l’assaut :
Nous ne sommes plus très loin de faire fléchir l’ennemi.
Mon cher petit soldat de plomb loin là-bas,
Notre enfant veut marcher sur tes traces,
Il est entré à l’école militaire pour devenir officier,
Il aimerait tant pouvoir combattre à tes côtés,
Tu es sa fierté à combattre là-bas cette menace.
On lui dit que ton bataillon est vaillant au combat.
Mon si précieux amour restée en notre terre
Je m’en reviens dans les jours à venir,
Plus de combats, plus à croiser les armes
Et toi, plus de lettres trempées de larmes,
Sèche-les bien, pour ma part la guerre se tire,
Ton amour rentre au pays, mets-le bien en terre.