Ce même soir il retrouva une photo prise à son école primaire de Charny et il se mit à pleurer. Assis à son pupitre, l’enfant tenait un livre de classe ouvert à la main. Il fixait le spectateur en souriant, plein de joie et de courage et cet enfant, chose incompréhensible, c’était lui. L’enfant faisait ses devoirs, apprenait ses leçons avec un sérieux confiant. Il entrait dans le monde, il découvrait le monde, et le monde ne lui faisait pas peur il se tenait prêt à prendre sa place dans la société des hommes. Tout cela, on pouvait le lire dans le regard de l’enfant… Le temps est un mystère banal, et tout était dans l’ordre, essayait-il de se dire le regard s’éteint, la joie et la confiance disparaissent.
Les particules élémentaires. Michel Houellebecq. Une citation sur la peur