Je t’apporte ce soir ma natte plus lustrée
Que l’herbe qui miroite aux collines de juin ;
Mon âme d’aujourd’hui fidèle à toi rentrée
Odore de tilleul, de verveine et de foin ;
Je t’apporte cette âme à robe campagnarde.
Tout le jour j’ai couru dans la fleur des moissons
Comme une chevrière innocente qui garde
Ses troupeaux clochetant des refrains aux buissons.
Je fis tout bas ta part de pain et de fromage ;
J’ai bu dans mes doigts joints l’eau rose du ruisseau
Que l’herbe qui miroite aux collines de juin ;
Mon âme d’aujourd’hui fidèle à toi rentrée
Odore de tilleul, de verveine et de foin ;
Je t’apporte cette âme à robe campagnarde.
Tout le jour j’ai couru dans la fleur des moissons
Comme une chevrière innocente qui garde
Ses troupeaux clochetant des refrains aux buissons.
Je fis tout bas ta part de pain et de fromage ;
J’ai bu dans mes doigts joints l’eau rose du ruisseau
Et dans le frais miroir j’ai cru voir ton image.
Je t’apporte un glaïeul couché sur des roseaux.
Comme un cabri de lait je suis alerte et gaie ;
Mes sonores sabots de hêtre sont ailés
Et mon visage a la rondeur pourpre des baies
Que donne l’aubépine quand les mois sont voilés.
Lorsque je m’en revins, dans les ombres pressées
Le soc bleu du croissant ouvrait un sillon d’or ;
Les étoiles dansaient cornues et lactées ;
Des flûtes de bergers essayaient un accord.
Je t’offre la fraîcheur dont ma bouche était pleine,
Le duvet mauve encor suspendu dans les cieux,
L’émoi qui fit monter ma gorge sous la laine
Et la douceur lunaire empreinte dans mes yeux.
Tandis que la terre tourne
Cécile Sauvage