Les bras qui se nouent en caresses pâmées,
Le cordial bu du baiser animal,
Les cheveux qu' on tord, les haleines humées,
Des nerfs énervés apaisent-ils le mal ?
O nos visions les toujours affamées !
O les voeux sonnant ainsi qu' un faux métal !
En nos âmes, inéluctables Némées,
Qui viendra terrasser le monstre fatal ?
Et puisqu' il faut que toutes coupes soient brèves,
Puisqu' il faut en vain sur d' impossibles grèves
Chercher le népenthès et le lotus d' or ;
Ne vaudrait-il mieux le désir qu' on triture :
Ne vaudrait-il mieux te voler ta pâture,
Dégoût carnassier, ô funèbre condor !