A l’âge où je n’avais
Que mes yeux pour toute arme,
Mon père qu’as-tu fait
De moi et de mes larmes ?
e n’étais qu’une enfant
Et au fond de mon cœur
Tu étais le plus grand,
Le plus grand voyageur.
Toi, tu n’as jamais su
M’écouter tendrement,
Et je me suis perdue
Si désespérément.
J’ai grandi malgré toi,
Mais mon cœur s’est fermé
Aux amours et aux joies,
Comme une rose fanée.
Mes amours, mes amis
Sont partis eux aussi,
Car tu as fait en sorte
Qu’ils restent à ma porte.
Tu avais tes idées
Et moi, j’avais les miennes,
Mais tu as décidé
Qu’elles devaient être tiennes.
Tu n’avais qu’une fille,
Tu voulais la garder,
Mais, je me suis enfuie
Et sans me retourner.
Tu as détruit en moi
Ce peu d’identité
Que je croyais à moi,
Que je n’ai pas trouvé.
J’ai comme l’impression
De ne pas exister,
Une quille ou un pion
Qu’on déplace à son gré ;
Je vacille toujours
Entre deux décisions,
Je ne sais pas toujours,
Si c’est oui ou c’est non.
Aujourd’hui, t’es parti,
Je me sens comme une ombre,
Tu as détruit ma vie,
Je me sens comme un nombre.