Béralde, Argan
Béralde
Eh bien, mon frère, qu’est-ce ? Comment vous portez-vous ?
Argan
Ah ! mon frère, fort mal.
Béralde
Comment ! fort mal ?
Argan
Oui, je suis dans une faiblesse si grande, que cela n’est pas croyable.
Béralde
Voilà qui est fâcheux.
Argan
Je n’ai pas seulement la force de pouvoir parler.
Béralde
J’étais venu ici, mon frère, vous proposer un parti pour ma nièce Angélique.
Argan, parlant avec emportement et se levant de sa chaise.
Mon frère, ne me parlez point de cette coquine-là. C’est une friponne, une impertinente, une effrontée, que je mettrai dans un couvent avant qu’il soit deux jours !
Béralde
Ah ! voilà qui est bien ! Je suis bien aise que la force vous revienne un peu, et que ma visite vous fasse du bien. Oh çà, nous parlerons d’affaires tantôt. Je vous amène ici un divertissement que j’ai rencontré, qui dissipera votre chagrin, et vous rendra l’âme mieux disposée aux choses que nous avons à dire. Ce sont des Egyptiens vêtus en Mores qui font des danses mêlées de chansons où je suis sûr que vous prendrez plaisir; et cela vaudra bien une ordonnance de monsieur Purgon. Allons.
Le malade imaginaire ACTE II Scène 9
La pièce de Théâtre Le malade imaginaire par Molière