Les fleurs du mal suite 3

Dans  Les fleurs du mal,  Poésies Charles Baudelaire
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XLIII – LE FLAMBEAU VIVANT

Ils marchent devant moi, ces Yeux pleins de lumières,

Qu’un Ange très savant a sans doute aimantés

Ils marchent, ces divins frères qui sont mes frères,

Secouant dans mes yeux leurs feux diamantés.

Me sauvant de tout piège et de tout péché grave,

Ils conduisent mes pas dans la route du Beau

Ils sont mes serviteurs et je suis leur esclave

Tout mon être obéit à ce vivant flambeau.


Charmants Yeux, vous brillez de la clarté mystique

Qu’ont les cierges brûlant en plein jour; le soleil

Rougit, mais n’éteint pas leur flamme fantastique;

Ils célèbrent la Mort, vous chantez le Réveil

Vous marchez en chantant le réveil de mon âme,

Astres dont nul soleil ne peut flétrir la flamme !

XLIV – RÉVERSIBILITÉ

Ange plein de gaieté, connaissez-vous l’angoisse,

La honte, les remords, les sanglots, les ennuis,

Et les vagues terreurs de ces affreuses nuits

Qui compriment le coeur comme un papier qu’on froisse ?

Ange plein de gaieté, connaissez-vous l’angoisse ?

Ange plein de bonté, connaissez-vous la haine,

Les poings crispés dans l’ombre et les larmes de fiel,

Quand la Vengeance bat son infernal rappel,

Et de nos facultés se fait le capitaine ?

Ange plein de bonté connaissez-vous la haine ?

Ange plein de santé, connaissez-vous les Fièvres,

Qui, le long des grands murs de l’hospice blafard,

Comme des exilés, s’en vont d’un pied traînard,

Cherchant le soleil rare et remuant les lèvres ?

Ange plein de santé, connaissez-vous les Fièvres ?

Ange plein de beauté, connaissez-vous les rides,

Et la peur de vieillir, et ce hideux tourment

De lire la secrète horreur du dévouement

Dans des yeux où longtemps burent nos yeux avide !

Ange plein de beauté, connaissez-vous les rides ?

Ange plein de bonheur, de joie et de lumières,

David mourant aurait demandé la santé

Aux émanations de ton corps enchanté;

Mais de toi je n’implore, ange, que tes prières,

Ange plein de bonheur, de joie et de lumières !

XLV – CONFESSION

Une fois, une seule, aimable et douce femme,

A mon bras votre bras poli

S’appuya (sur le fond ténébreux de mon âme

Ce souvenir n’est point pâli);

II était tard; ainsi qu’une médaille neuve

La pleine lune s’étalait,

Et la solennité de la nuit, comme un fleuve,

Sur Paris dormant ruisselait.

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Et le long des maisons, sous les portes cochères,

Des chats passaient furtivement

L’oreille au guet, ou bien, comme des ombres chères,

Nous accompagnaient lentement.

Tout à coup, au milieu de l’intimité libre

Éclose à la pâle clarté

De vous, riche et sonore instrument où ne vibre

Que la radieuse gaieté,

De vous, claire et joyeuse ainsi qu’une fanfare

Dans le matin étincelant

Une note plaintive, une note bizarre

S’échappa, tout en chancelant

Comme une enfant chétive, horrible, sombre, immonde,

Dont sa famille rougirait,

Et qu’elle aurait longtemps, pour la cacher au monde,

Dans un caveau mise au secret.

Pauvre ange, elle chantait, votre note criarde:

« Que rien ici-bas n’est certain,

Et que toujours, avec quelque soin qu’il se farde,

Se trahit l’égoïsme humain;

Que c’est un dur métier que d’être belle femme,

Et que c’est le travail banal

De la danseuse folle et froide qui se pâme

Dans son sourire machinal;

Que bâtir sur les cœurs est une chose sotte;

Que tout craque, amour et beauté,

Jusqu’à ce que l’Oubli les jette dans sa hotte

Pour les rendre à l’Éternité ! »

J’ai souvent évoqué cette lune enchantée,

Ce silence et cette langueur,

Et cette confidence horrible chuchotée

Au confessionnal du cœur.

XLVI – L’AUBE SPIRITUELLE

Quand chez les débauchés l’aube blanche et vermeille

Entre en société de l’Idéal rongeur,

Par l’opération d’un mystère vengeur

Dans la brute assoupie un ange se réveille.

Des Cieux Spirituels l’inaccessible azur,

Pour l’homme terrassé qui rêve encore et souffre,

S’ouvre et s’enfonce avec l’attirance du gouffre.

Ainsi, chère Déesse, Etre lucide et pur,

Sur les débris fumeux des stupides orgies

Ton souvenir plus clair, plus rose, plus charmant,

A mes yeux agrandis voltige incessamment.

Le soleil a noirci la flamme des bougies;

Ainsi, toujours vainqueur, ton fantôme est pareil,

Ame resplendissante, à l’immortel soleil !

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XLVII – HARMONIE DU SOIR

Voici venir les temps où vibrant sur sa tige

Chaque fleur s’évapore ainsi qu’un encensoir;

Les sons et les parfums tournent dans l’air du soir;

Valse mélancolique et langoureux vertige !

Chaque fleur s’évapore ainsi qu’un encensoir;

Le violon frémit comme un cœur qu’on afflige;

Valse mélancolique et langoureux vertige !

Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir.

Le violon frémit comme un cœur qu’on afflige,

Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir !

Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir;

Le soleil s’est noyé dans son sang qui se fige.

Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir,

Du passé lumineux recueille tout vestige !

Le soleil s’est noyé dans son sang qui se fige…

Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir !

XLVIII – LE FLACON

II est de forts parfums pour qui toute matière

Est poreuse. On dirait qu’ils pénètrent le verre.

En ouvrant un coffret venu de l’Orient

Dont la serrure grince et rechigne en criant,

Ou dans une maison déserte quelque armoire

Pleine de l’âcre odeur des temps, poudreuse et noire,

Parfois on trouve un vieux flacon qui se souvient,

D’où jaillit toute vive une âme qui revient.

Mille pensés dormaient, chrysalides funèbres,

Frémissant doucement dans les lourdes ténèbres,

Qui dégagent leur aile et prennent leur essor,

Teintés d’azur, glacés de rose, lamés d’or.

Voilà le souvenir enivrant qui voltige

Dans l’air troublé; les yeux se ferment; le Vertige

Saisit l’âme vaincue et la pousse à deux mains

Vers un gouffre obscurci de miasmes humains;

II la terrasse au bord d’un gouffre séculaire,

Où, Lazare odorant déchirant son suaire,

Se meut dans son réveil le cadavre spectral

D’un vieil amour ranci, charmant et sépulcral.

Ainsi, quand je serai perdu dans la mémoire

Des hommes, dans le coin d’une sinistre armoire

Quand on m’aura jeté, vieux flacon désolé,

Décrépit, poudreux, sale, abject, visqueux, fêlé,

Je serai ton cercueil, aimable pestilence !

Le témoin de ta force et de ta virulence,

Cher poison préparé par les anges ! liqueur

Qui me ronge, ô la vie et la mort de mon coeur !

XLIX – LE POISON

Le vin sait revêtir le plus sordide bouge

D’un luxe miraculeux,

Et fait surgir plus d’un portique fabuleux

Dans l’or de sa vapeur rouge,

Comme un soleil couchant dans un ciel nébuleux.

L’opium agrandit ce qui n’a pas de bornes,

Allonge l’illimité,

Approfondit le temps, creuse la volupté,

Et de plaisirs noirs et mornes

Remplit l’âme au delà de sa capacité.

Tout cela ne vaut pas le poison qui découle

De tes yeux, de tes yeux verts,

Lacs où mon âme tremble et se voit à l’envers…

Mes songes viennent en foule

Pour se désaltérer à ces gouffres amers.

Tout cela ne vaut pas le terrible prodige

De ta salive qui mord,

Qui plonge dans l’oubli mon âme sans remords,

Et charriant le vertige,

La roule défaillante aux rives de la mort !

L – CIEL BROUILLÉ

On dirait ton regard d’une vapeur couvert;

Ton oeil mystérieux (est-il bleu, gris ou vert ?)

Alternativement tendre, rêveur, cruel,

Réfléchit l’indolence et la pâleur du ciel.

Tu rappelles ces jours blancs, tièdes et voilés,

Qui font se fondre en pleurs les coeurs ensorcelés,

Quand, agités d’un mal inconnu qui les tord,

Les nerfs trop éveillés raillent l’esprit qui dort.

Tu ressembles parfois à ces beaux horizons

Qu’allument les soleils des brumeuses saisons…

Comme tu resplendis, paysage mouillé

Qu’enflamment les rayons tombant d’un ciel brouillé !

O femme dangereuse, ô séduisants climats !

Adorerai-je aussi ta neige et vos frimas,

Et saurai-je tirer de l’implacable hiver

Des plaisirs plus aigus que la glace et le fer ?

LI – LE CHAT

I

Dans ma cervelle se promène,

Ainsi qu’en son appartement,

Un beau chat, fort, doux et charmant.

Quand il miaule, on l’entend à peine,

Tant son timbre est tendre et discret;

Mais que sa voix s’apaise ou gronde,

Elle est toujours riche et profonde.

C’est là son charme et son secret.

Cette voix, qui perle et qui filtre

Dans mon fonds le plus ténébreux,

Me remplit comme un vers nombreux

Et me réjouit comme un philtre.

Elle endort les plus cruels maux

Et contient toutes les extases;

Pour dire les plus longues phrases,

Elle n’a pas besoin de mots.

Non, il n’est pas d’archet qui morde

Sur mon coeur, parfait instrument,

Et fasse plus royalement

Chanter sa plus vibrante corde,

Que ta voix, chat mystérieux,

Chat séraphique, chat étrange,

En qui tout est, comme en un ange,

Aussi subtil qu’harmonieux !

II

De sa fourrure blonde et brune

Sort un parfum si doux, qu’un soir

J’en fus embaumé, pour l’avoir

Caressée une fois, rien qu’une.

C’est l’esprit familier du lieu;

Il juge, il préside, il inspire

Toutes choses dans son empire;

Peut-être est-il fée, est-il dieu ?

Quand mes yeux, vers ce chat que j’aime

Tirés comme par un aimant,

Se retournent docilement

Et que je regarde en moi-même,

Je vois avec étonnement

Le feu de ses prunelles pâles,

Clairs fanaux, vivantes opales

Qui me contemplent fixement.

LII – LE BEAU NAVIRE

Je veux te raconter, ô molle enchanteresse !

Les diverses beautés qui parent ta jeunesse;

Je veux te peindre ta beauté,

Où l’enfance s’allie à la maturité.

Quand tu vas balayant l’air de ta jupe large,

Tu fais l’effet d’un beau vaisseau qui prend le large,

Chargé de toile, et va roulant

Suivant un rhythme doux, et paresseux, et lent.

Sur ton cou large et rond, sur tes épaules grasses,

Ta tête se pavane avec d’étranges grâces;

D’un air placide et triomphant

Tu passes ton chemin, majestueuse enfant.

Je veux te raconter, ô molle enchanteresse !

Les diverses beautés qui parent ta jeunesse;

Je veux te peindre ta beauté,

Où l’enfance s’allie à la maturité.

Ta gorge qui s’avance et qui pousse la moire,

Ta gorge triomphante est une belle armoire

Dont les panneaux bombés et clairs

Comme les boucliers accrochent des éclairs;

Boucliers provoquants, armés de pointes roses !

Armoire à doux secrets, pleine de bonnes choses,

De vins, de parfums, de liqueurs

Qui feraient délirer les cerveaux et les coeurs !

Quand tu vas balayant l’air de ta jupe large

Tu fais l’effet d’un beau vaisseau qui prend le large,

Chargé de toile, et va roulant

Suivant un rhythme doux, et paresseux, et lent.

Tes nobles jambes, sous les volants qu’elles chassent,

Tourmentent les désirs obscurs et les agacent,

Comme deux sorcières qui font

Tourner un philtre noir dans un vase profond.

Tes bras, qui se joueraient des précoces hercules,

Sont des boas luisants les solides émules,

Faits pour serrer obstinément,

Comme pour l’imprimer dans ton coeur, ton amant.

Sur ton cou large et rond, sur tes épaules grasses,

Ta tête se pavane avec d’étranges grâces;

D’un air placide et triomphant

Tu passes ton chemin, majestueuse enfant.

LIII – L’INVITATION AU VOYAGE

Mon enfant, ma soeur,

Songe à la douceur

D’aller là-bas

vivre ensemble !

Aimer à loisir,

Aimer et mourir

Au pays qui te ressemble !

Les soleils mouillés

De ces ciels brouillés

Pour mon esprit ont les charmes

Si mystérieux

De tes traîtres yeux,

Brillant à travers leurs larmes.

Là, tout n’est qu’ordre et beauté,

Luxe, calme et volupté.

Des meubles luisants,

Polis par les ans,

Décoreraient notre chambre;

Les plus rares fleurs

Mêlant leurs odeurs

Aux vagues senteurs de l’ambre,

Les riches plafonds,

Les miroirs profonds,

La splendeur orientale,

Tout y parlerait

A l’âme en secret

Sa douce langue natale.

Là, tout n’est qu’ordre et beauté,

Luxe, calme et volupté.

Vois sur ces canaux

Dormir ces vaisseaux

Dont l’humeur est vagabonde;

C’est pour assouvir

Ton moindre désir

Qu’ils viennent du bout du monde.

Les soleils couchants

Revêtent les champs,

Les canaux, la ville entière,

D’hyacinthe et d’or;

Le monde s’endort

Dans une chaude lumière.

Là, tout n’est qu’ordre et beauté,

Luxe, calme et volupté.

LIV – L’IRRÉPARABLE

Pouvons-nous étouffer le vieux, le long Remords,

Qui vit, s’agite et se tortille

Et se nourrit de nous comme le ver des morts,

Comme du chêne la chenille ?

Pouvons-nous étouffer l’implacable Remords ?

Dans quel philtre, dans quel vin, dans quelle tisane,

Noierons-nous ce vieil ennemi,

Destructeur et gourmand comme la courtisane,

Patient comme la fourmi ?

Dans quel philtre ? – dans quel vin ? – dans quelle tisane ?

Dis-le, belle sorcière, oh ! dis, si tu le sais,

A cet esprit comblé d’angoisse

Et pareil au mourant qu’écrasent les blessés,

Que le sabot du cheval froisse,

Dis-le, belle sorcière, oh ! dis, si tu le sais,

A cet agonisant que le loup déjà flaire

Et que surveille le corbeau,

A ce soldat brisé ! s’il faut qu’il désespère

D’avoir sa croix et son tombeau;

Ce pauvre agonisant que déjà le loup flaire !

Peut-on illuminer un ciel bourbeux et noir ?

Peut-on déchirer des ténèbres

Plus denses que la poix, sans matin et sans soir,

Sans astres, sans éclairs funèbres ?

Peut-on illuminer un ciel bourbeux et noir ?

L’Espérance qui brille aux carreaux de l’Auberge

Est soufflée, est morte à jamais !

Sans lune et sans rayons, trouver où l’on héberge

Les martyrs d’un chemin mauvais !

Le Diable a tout éteint aux carreaux de l’Auberge !

Adorable sorcière, aimes-tu les damnés ?

Dis, connais-tu l’irrémissible ?

Connais-tu le Remords, aux traits empoisonnés,

A qui notre coeur sert de cible ?

Adorable sorcière, aimes-tu les damnés ?

L’Irréparable ronge avec sa dent maudite

Notre âme, piteux monument,

Et souvent il attaque ainsi que le termite,

Par la base le bâtiment.

L’Irréparable ronge avec sa dent maudite !

– J’ai vu parfois, au fond d’un théâtre banal

Qu’enflammait l’orchestre sonore,

Une fée allumer dans un ciel infernal

Une miraculeuse aurore;

J’ai vu parfois au fond d’un théâtre banal

Un être, qui n’était que lumière, or et gaze,

Terrasser l’énorme Satan;

Mais mon coeur, que jamais ne visite l’extase,

Est un théâtre où l’on attend

Toujours. toujours en vain, l’Etre aux ailes de gaze !

LV – CAUSERIE

Vous êtes un beau ciel d’automne, clair et rose !

Mais la tristesse en moi monte comme la mer,

Et laisse, en refluant, sur ma lèvre morose

Le souvenir cuisant de son limon amer.

– Ta main se glisse en vain sur mon sein qui se pâme;

Ce qu’elle cherche, amie, est un lieu saccagé

Par la griffe et la dent féroce de la femme.

Ne cherchez plus mon coeur; les bêtes l’ont mangé.

Mon coeur est un palais flétri par la cohue;

On s’y soûle, on s’y tue, on s’y prend aux cheveux !

– Un parfum nage autour de votre gorge nue !…

O Beauté, dur fléau des âmes, tu le veux !

Avec tes yeux de feu, brillants comme des fêtes,

Calcine ces lambeaux qu’ont épargnés les bêtes !

LVI – CHANT D’AUTOMNE

I

Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres;

Adieu, vive clarté de nos étés trop courts !

J’entends déjà tomber avec des chocs funèbres

Le bois retentissant sur le pavé des cours.

Tout l’hiver va rentrer dans mon être: colère,

Haine, frissons, horreur, labeur dur et forcé,

Et, comme le soleil dans son enfer polaire,

Mon coeur ne sera plus qu’un bloc rouge et glacé.

J’écoute en frémissant chaque bûche qui tombe

L’échafaud qu’on bâtit n’a pas d’écho plus sourd.

Mon esprit est pareil à la tour qui succombe

Sous les coups du bélier infatigable et lourd.

II me semble, bercé par ce choc monotone,

Qu’on cloue en grande hâte un cercueil quelque part.

Pour qui ? – C’était hier l’été; voici l’automne !

Ce bruit mystérieux sonne comme un départ.

II

J’aime de vos longs yeux la lumière verdâtre,

Douce beauté, mais tout aujourd’hui m’est amer,

Et rien, ni votre amour, ni le boudoir, ni l’âtre,

Ne me vaut le soleil rayonnant sur la mer.

Et pourtant aimez-moi, tendre coeur ! soyez mère,

Même pour un ingrat, même pour un méchant;

Amante ou soeur, soyez la douceur éphémère

D’un glorieux automne ou d’un soleil couchant.

Courte tâche ! La tombe attend – elle est avide !

Ah ! laissez-moi, mon front posé sur vos genoux,

Goûter, en regrettant l’été blanc et torride,

De l’arrière-saison le rayon jaune et doux !

Les fleurs du mal
Charles Baudelaire



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