De Pange, ami chéri, jeune homme heureux et sage,
Parle, de ce matin dis-moi quel est l’ouvrage ?
Du vertueux bonheur montres-tu les chemins
A ce frère naissant dont j’ai vu que tes mains
Aiment à cultiver la charmante espérance ?
Ou bien vas-tu cherchant dans l’ombre et le silence,
Seul, quel encens le Gange aux flots religieux
Vit les premiers humains brûler aux pieds des dieux ?
Ou comment dans sa route, avec force tracée,
Descartes n’a point su contenir sa pensée ?
Consumant ma jeunesse en un loisir plus vain,
Seul, animé du feu que nous nommons divin,
Qui pour moi chaque jour ne luit qu’avec l’aurore,
Je rêve assis au bord de cette onde sonore
Qu’au penchant d’Hélicon, pour arroser ses bois,
Le quadrupède ailé fit jaillir autrefois.
A nos festins d’hier un souvenir fidèle
Reporte mes souhaits, me flatte, me rappelle
Tes pensers, tes discours, et quelquefois les miens,
L’amicale douceur de tes chers entretiens,
Ton honnête candeur, ta modeste science,
De ton coeur presque enfant la mûre expérience.
Poursuis : dans ce bel âge où, faibles nourrissons,
Nous répétons à peine un maître et ses leçons,
Il est beau, dans les soins d’un solitaire asile
(Même dans tes amours, doux, aimable, tranquille),
De savoir loin des yeux, sans faste, sans fierté,
Sage pour soi, content, chercher la vérité.
Va, poursuis ta carrière, et sois toujours le même ;
Sois heureux, et surtout aime un ami qui t’aime.
Ris de son coeur débile aux désirs condamné,
De l’étude aux amours sans cesse promené,
Qui, toujours approuvant ce dont il fuit l’usage,
Aimera la sagesse, et ne sera point sage.
Parle, de ce matin dis-moi quel est l’ouvrage ?
Du vertueux bonheur montres-tu les chemins
A ce frère naissant dont j’ai vu que tes mains
Aiment à cultiver la charmante espérance ?
Ou bien vas-tu cherchant dans l’ombre et le silence,
Seul, quel encens le Gange aux flots religieux
Vit les premiers humains brûler aux pieds des dieux ?
Ou comment dans sa route, avec force tracée,
Descartes n’a point su contenir sa pensée ?
Consumant ma jeunesse en un loisir plus vain,
Seul, animé du feu que nous nommons divin,
Qui pour moi chaque jour ne luit qu’avec l’aurore,
Je rêve assis au bord de cette onde sonore
Qu’au penchant d’Hélicon, pour arroser ses bois,
Le quadrupède ailé fit jaillir autrefois.
A nos festins d’hier un souvenir fidèle
Reporte mes souhaits, me flatte, me rappelle
Tes pensers, tes discours, et quelquefois les miens,
L’amicale douceur de tes chers entretiens,
Ton honnête candeur, ta modeste science,
De ton coeur presque enfant la mûre expérience.
Poursuis : dans ce bel âge où, faibles nourrissons,
Nous répétons à peine un maître et ses leçons,
Il est beau, dans les soins d’un solitaire asile
(Même dans tes amours, doux, aimable, tranquille),
De savoir loin des yeux, sans faste, sans fierté,
Sage pour soi, content, chercher la vérité.
Va, poursuis ta carrière, et sois toujours le même ;
Sois heureux, et surtout aime un ami qui t’aime.
Ris de son coeur débile aux désirs condamné,
De l’étude aux amours sans cesse promené,
Qui, toujours approuvant ce dont il fuit l’usage,
Aimera la sagesse, et ne sera point sage.
Un poème d’André Chénier