Vaguent perfidement au-dessus des trous,
Les grands oiseaux de nuit au plumage roux
Poussent lugubrement des cris faméliques,
Diaboliques
Sur les houx.
Des carcasses, cohue âpre et ténébreuse,
Dansent au cimetière entre les cyprès ;
Tout un bruissement lointain de forêts
Se mêle au choc des os — plainte douloureuse. —
Le vent creuse
Les marais.
Entendez-vous mugir les vaches perdues,
Sur un sol hérissé d’atroces cailloux
Qui percent leurs sabots comme de grands clous ?
Oh ! ces beuglements ! Les pauvres éperdues
Sont mordues
Par les loups !
Sous les vents, le bateau qu’enchaîne une corde
Au rivage pierreux crève son vieux flanc.
Le chêne formidable en vain s’essoufflant
Succombe : il faut que sous l’effroyable horde
Il se torde
En hurlant.
La nuit a tout noyé, mer ensorcelante,
Berçant le rêve au bord de ses entonnoirs,
La lune, sur l’œil fou des grands désespoirs,
Ne laisse pas filtrer sa lueur parlante.
O nuit lente !
O cieux noirs !
Dans les brandes, poèmes et rondels
Maurice Rollinat