Quand le vieil Amphion, la cithare à la main,
Bâtissait les remparts de la ville thébaine ;
Quand le bon Josué, soufflant à perdre haleine,
Ébranlait Jéricho de sa trompe d’airain ;
Certe ils avaient tous deux le rhythme souverain,
Bien qu’un effet contraire ait couronné leur peine ;
Et tous deux ont touché, poëte et capitaine,
À des buts différents, par le même chemin.
Amphion ! Josué ! Musiciens antiques !
Le temps n’a pas brisé vos instruments magiques,
Prévoyant qu’après vous d’autres s’en serviraient.
Mais, hélas ! Dans nos jours aux muses difficiles,
Pour un ou deux chanteurs qui bâtiraient des villes,
Comme on en peut nommer qui les renverseraient !
Poète Louis Bouilhet