qui a traduit en vers anglais deux de mes poésies
Barde, à ton large front rayonne la fierté
Des têtes que le feu de l’idéal entoure,
Et l’on sent tressaillir sur ton luth enchanté
Le souffle d’Ossian et le rythme de Moore.
Pour célébrer les champs, les bois, les vieux castels,
Pour louer les héros dont on baise la trace,
Pour chanter les combats et les deuils immortels,
Tu vibres du frisson des poètes de race.
Et l’ardeur du soleil qui dore le lichen,
L’arôme capiteux qui flotte sur la lande,
L’éclat d’îlots qu’on croit détachés de l’Éden,
Le frais gazouillement de la brise d’Irlande ;
Les échos du vallon où ton ancêtre est né,
L’attrait de la légende où revit maint fantôme,
La sauvage splendeur des lacs de Killarney,
Le blond miroitement des toits couverts de chaume ;
La fraîcheur de la mousse enguirlandant les murs,
Les bruits harmonieux des bois et des cascades,
Le babil des ruisseaux, des joncs, des seigles mûrs,
Le charme toujours neuf des antiques ballades ;
L’éternelle verdeur de l’île des martyrs,
La rumeur du Shannon, l’hymne de l’Atlantique,
L’odeur du trèfle au pied des tours et des menhirs,
Les sons mélodieux de la harpe celtique ;
Chants, feux, ombrage, échos, sèves, souffles, senteurs,
Tout cela vit, frémit, embaume et se reflète
Dans les mots chatoyants de tes vers enchanteurs,
Ô noble fils d’Erin ! ô fier et grand poète !
Et si mes humbles chants survivent à mes pleurs,
S’ils résistent au temps, devant qui tout s’efface,
C’est que ta lyre d’or, forte comme ta race,
En aura prolongé l’écho dans tous les cœurs.