Yearly Archives: 2009

Les Noces corinthiennes / Poésie Anatole France

HIPPIAS.

H est coiffé d’un chapeau thessalien ; sa tunique grise est ceinte aux reins, ses
chaussures hautes sont nouées à la cheville par des courroies de cuir. 11 tient un bâton
blanc à la main ; sa démarche est rapide.

Salut, verger, maison, chambre où, filant la laine,
Pour moi fleurit la vierge à la divine haleine !
Pêcheur ( car tes paniers de jonc luisent couverts
D’une écume marine et de goémons verts ),
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La roule est lente, hélas ! de la ville à la mer
Et la fatigue est prompte et le pain est amer
A qui le va gagner dans les cités avares.
Les poissons à présent, plus maigres et plus rares,
N’appesantissent plus ma nasse et mon filet
D’où jadis une proie abondante roulait,’
Espoir d’un riche gain, dans ma barque joyeuse.
Les Dieux n’assistent plus ma vie industrieuse.
Et voici que, ce-jour, en vidant mes paniers,
Les femmes de Corinthe avec leurs cuisiniers
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Idylles et légendes

L’ombre versait au flanc des monts sa paix bénie,
Le chemin était bleu, le feuillage était noir,
Et les palmiers tremblaient d’amour au vent du soir.
L’enfant de Magdala, la fleur de Béthanie,

Gémissait dans la pourpre et l’azur des coussins.
Le grand épervier d’or des femmes étrangères
Agrafait sur son front les étoffes légères ;
La myrrhe tiédissait dans l’ombre de ses seins ;
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Dans les siècles de foi, surtout dans les derniers,
La grand’danse macabre était fréquemment peinte
Au vélin des missels comme aux murs des charniers.

Je crois que cette image édifiante et sainte
Mettait un peu d’espoir au fond du désespoir,
Et que les pauvres gens la regardaient sans crainte.
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C’était la nuit ardente et le retour du bal ;
Vaincue et triomphante et chastement lascive,
Elle disait d’un ton de bien-être : J’ai mal !…
Les roses s’effeuillaient sur sa tête pensive
Où murmurait encor l’âme des violons ;
Son pied avait parfois un spasme mélodique.

Le mouchoir de dentelle au bout de ses doigts longs
Glissait ; et sur les bras du fauteuil héraldique,
Ses bras minces et blancs s’allongeaient mollement,
Nus, et laissaient tomber le fragile corsage,
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Maître Laurent Coster, cœur plein de poésie,
Quitte les compagnons qui du matin au soir,
Vignerons de l’esprit, font gémir le pressoir ;
Et Coster va rêvant selon sa fantaisie.

Car il aime d’amour le démon Aspasie.
Sur son banc, à l’église, il va parfois s’asseoir,
Et voit flotter dans la vapeur de l’encensoir
La dame de l’enfer que son âme a choisie
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Les Poèmes dorés

Tout dans l’immuable Nature
Est miracle aux petits enfants :
Ils naissent, et leur âme obscure
Éclôt dans des enchantements.

Le reflet de cette magie
Donne à leur regard un rayon.
Déjà la belle illusion
Excite leur frêle énergie.
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Si la vierge vers toi jette sous les ramures
Le rire par sa mère à ses lèvres appris ;
Si, tiède dans son corps dont elle sait le prix,
Le désir a gonflé ses formes demi-mûres ;

Le soir, dans la forêt pleine de frais murmures,
Si, méditant d’unir vos chairs et vos esprits,
Vous mêlez, de sang jeune et de baisers fleuris,
Vos lèvres, en jouant, teintes du suc des mûres ;
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